Du 1er mai au 30 juillet 2017, au Palais-sur-l’Île, les visiteurs auront l’occasion de voir « Ariane abandonnée par Thésée », le chef d’œuvre peint par Angelica Kauffmann, l’une des femmes peintres les plus célèbres du XVIIIe siècle. La toile vient de la Galerie de Peinture des Vieux Maîtres à Dresde, où se trouve l’une des plus grandes collections de la peinture européenne au monde.
« Ariane abandonnée par Thésée » est présentée lors de l’exposition d’une peinture grâce à la coopération du Musée du Palais Royal de Łazienki avec l’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne et les Collections nationales de Dresde (Staatliche Kunstsammlungen Dresden).
Le chef d’œuvre du XVIIIe siècle sera exposé dans la Galerie des peintures au Palais-sur-l’Île, à côté d’une autre toile d’Angelica Kauffmann – « Le portait de la princesse Giuliana Pubblicola Santacroce », qui fut l’objet d’un don au roi Stanisław August. Les deux peintures constituent une double voix remarquable sur le rôle des femmes dans l’art – de l’artiste et des personnes représentées sur les portraits.
Ariane abandonnée
La toile « Ariane abandonnée par Thésée », qui appartient aux Collections nationales de Dresde et qui est en exposition permanente dans la Galerie de Peinture des Vieux Maîtres (Gemäldegalerie Alte Meister), représente la figure d’Ariane mythologique. Elle fut la fille du roi de la Crête, amoureuse de Thésée – l’Athénien qu’elle aide à s’échapper du labyrinthe en lui fournissant un fil de laine. Bien que Thésée lui ait promis de l’épouser, il abandonne Ariane pour prendre le chemin de retour à Athènes.
À l’aide de la peinture Angelica Kauffmann montre le moment où Ariane se réveille et désespérée constate la trahison de son amant. La fille du roi de Crète est assise au bord rocheux de la mer et regarde le bateau de Thésée s’éloignant à l’horizon. La femme est habillée d’un jupon, elle est couverte d’une cape verte dorée, alors que ses pieds sont recouverts d’un tissu rouge. Ses cheveux sont attachés par un châle blanc et tressés, avec des mèches flottant au vent. Sa poitrine dévoilée et ses mains soulevés de manière pathétique soulignent une émotion profonde. Même Cupidon est impuissant. Il pose son arc à ses pieds et essuie avec ses mains les yeux en larmes.
La femme peintre suisse a dépeint cet événement dramatique avec des traits de brosse forts et une surface de couleurs rompues. Les cheveux au vent et les bras tendus constituent une forme d’expression à l’aide de laquelle – comme dans d’autres œuvres – l’artiste a représenté une effervescence émotionnelle la plus intense. Les formes antiquisantes sont visibles dans le profil d’Ariane, qui ressemble à une camée romaine (la figure est réduite aux gestes et l’expression du visage).
Angelica Kauffmann a immortalisé le moment de l’histoire mythologique le plus dépourvu d’espoir – elle a capturé le désespoir d’une femme dont la douleur ne peut être atténuée par rien ni personne. Ariane amoureuse, mais abandonnée, est perçue comme la victime des émotions trop fortes, elle devient le symbole criant du manque d’humanité. De nombreuses œuvres, dans lesquelles l’artiste suisse soulève la thématique de la tristesse et de l’abandon d’une femme – par exemple les représentations de Pénélope, Calypso ou « Marie folle » (dans l’œuvre inspirée par « Le Voyage sentimental » de Laurence Sterne) – peuvent être interprétées comme un encouragement à vaincre sa douleur.
L’exposition de la peinture « Ariane abandonnée par Thésée » est organisée sous le patronage de l’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne.